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CHARLES AZNAVOUR
DISPARITION - Le légendaire artiste franco-arménien s'est éteint à l'âge de 94 ans. Avec des chansons telles que Emmenez-moi, Je m'voyais déjà ou La Bohème, l'éternel Charles Aznavour a traversé les époques, les générations et les frontières. Éditer
«Chanteur de variété le plus important du XXe siècle». C'est le titre attribué en 1988 à Charles Aznavour par la chaîne américaine CNN et le Times. Plus de 1200 chansons dans sept langues différentes, des spectacles dans 94 pays et plus de 100 millions de disques vendus dans le monde entier. Mais aussi plus de 60 participations à des longs-métrages. Très discret sur sa vie privée, le chanteur - décédé dans la nuit de dimanche à lundi à l'âge de 94 ans - a été marié trois fois et a eu six enfants dont trois avec sa dernière femme Ulla avec qui il était marié depuis plus de 50 ans.
Icône de la chanson française, Charles Aznavour était une star mondiale, au point d'avoir son étoile sur le «Walk of Fame» à Hollywood en 2017. Soixante-dix ans de carrière en haut de l'affiche pour cette légende de la chanson française.
Notre coeur pleure la disparition de Charles Aznanour, ce grand poète, mais reste illuminé par le soleil qu'il a mis en nous tous. Resquiescat in pace.
Irène-Charlotte Moreau
J’ai été attristé par la disparition de ce « grand » poète, artiste, poète, humaniste, tout à la fois.
J’ai aimé beaucoup de ses chansons, dont « La Bohême », bien sûr…
J’ai l’impression de l’avoir toujours connu.
PS : J’ai réécouté ses chansons postées sur votre site…
Françoise Ducene-Lasvigne, photographe
Bravo pour cette réaction rapide.
Charles Aznavour mérite bien cet hommage de la SPF.
Amicalement
Jean Koetler
Parfois, le silence est le plus grand des hommages à rendre, lorsque c'est un maître des mots qui disparaît... L'homme rejoint l'Infini, mais sa Poésie et ses chansons lui ont déjà conféré l'éternité.
Sois dans la lumière, ami qui a tant éclairé nos vies !
Véronique Flabat-Piot
La bohème "inoubliable !Yunta IppesinoMerci, c'est bien fait, Merci à la Société des Poètes français,
Amitiés
Mona Gamal El Dine
Docteur en sciences de l'art - La Sorbonne Paris
Présidente de l'association ISIS Arts & Cultures
Fondatrice des Rencontres des Poètes pour la Paix
Membre de Cercle Universel des Ambassadeurs de la paix (Genève/Paris)
Historienne de cinéma & Réalisatrice
Chers amis, cela fait du bien de constater que vous avez le même coeur que la plupart d'entre nous,
que nous sommes entre vrais poètes, que notre sensibilité est réelle, pas simulée
et ostensiblement démontrée parce que c'est profitable à une égoïste ambition. Bonne journée.
Gérard Laglenne
Il fallait malheureusement que cela arrive!
Charles Trenet et lui fêtaient leurs anniversaires ensembles
car il étaient nés le même jour... (pas de la même année)
Amicalement
Claude Plocieniak
...Quelle prodigieuse sensibilité et quelle modestie...
Toujours plein de curiosité, à 80 ans, il avait commencé à apprendre le russe.
Chapeau l'artiste,
Valya
Disparition d'un grand de la chanson :
On ne meurt pas lorsqu'on a laissé autant de traces et d'émotions dans les esprits et dans les mémoires.
La mort c'est l'oubli, écrire c'est vivre en soi et pour les autres.
Chanter c'est guérir : ses propres blessures, guérir les autres, émouvoir et donner de l'amour.
Le poète et le chanteur, sont la mémoire du temps qui passe et de toutes les traces qu'il laisse
sur les personnes; chanter juste, en poésie et avec sincérité et de bonnes intentions;
c'est chercher à laisser des traces de bonheur pour guérir, en coopérant à l'humanité.
Le poète ressuscite à chaque fois qu'un vivant prononce le chant de ses mots, de ses émotions,
des repères de vie qu'il aura laissés sur notre terre.
Il se confond dès lors avec la vie et dans les êtres qui accueillent ses mots, ses vibrations de vie
tracent ses traits lumineux dans les esprits des chanteurs, des danseurs, des auditeurs.
Il reste de nos vies une mémoire reprise par ceux qui la ressentent positivement dans leurs vies.
Charles Aznavour, ressuscite à chaque instant quelque part sur Terre. C'est le grand miracle des poètes
et des chanteurs qui ont su saisir l'Univers et transmettre leurs émotions à leurs frères humains.
La "Mnémè" se souvient de chacun en les autres combat l'oubli du néant en mettant des lumières d'étoiles
pour repères de notre voyage
Le poète Charles Aznavour a laissé une galaxie d'étoiles pour éclairer les chemins des émotions de nos vies.
Il est déjà ressuscité ....
Edmond AYVASIAN
Chers amis
J'arrive juste à Londres après trois jours de route et j'apprends cette étonnante nouvelle: il n'était donc pas immortel...
Je ne veux rien ajouter à toutes les belles choses qui sont si bien dites par tant de monde en ce moment, mais j'ai deux leçons à tirer de la vie
du 'Grand Charles' qui sont sans doute importantes et pour la SPF et pour la francophonie.
(1) La SPF ne veut pas admettre parmi 'ses' poètes les paroliers. J'ai déjà fait remarquer qu'il s'agit là d'une erreur.
Peut-être que tous les paroliers ne sont pas bons à prendre. Sans doute y en a-t-il de bons et de mauvais.
Il en va de même pour les poètes, bien évidemment. N'empêche que Brassens et Aznavour auraient pu apporter un élan formidable
à la Société des Poètes Français. Ils auraient également attiré des jeunes vers nous... D'ailleurs, sait-on exactement ce qu'est un 'parolier'?
Je sais seulement qu'ils veulent prendre appui sur la musique, mais après tout, Apollon fait de même et la muse
qui nous sert de sigle brandit aussi un petit violon...
(2) Tout le monde est d'accord pour dire qu'Aznavour a beaucoup fait dans le monde pour la francophonie. Et comment s'y est-il pris?
Il avait la 'chance' de savoir chanter en russe, en espagnol, en italien, en anglais... Une chance qui reposait sur un énorme travail.
Il n'a pas hésité à traduire ou faire traduire ses propres textes pour les chanter lui-même et les répandre autour de la planète
C'est en allant vers le monde entier et en parlant beaucoup d'autres langues qu'il s'est fait connaître et respecter en tant que chanteur français.
Cette démarche, à mon humble avis, n'est pas seulement la meilleure. Elle est aussi la seule possible aujourd'hui. Grande leçon.
Ne nous enfermons pas dans l'hexagone...
Bien amicalement
Jean-Patrick Connerade, membre du Comité d'honneur
Aznavour a montré que, quand on a du talent, on n'a pas besoin d'être bardé de diplômes pour réussir
Une leçon de courage et de ténacité contre le conformisme petit-bourgeois et la médiocrité. Outre le très grand auteur de chansons,
c'est la force mentale de l'homme, sa vérité, et tout ce qu'il a fait pour l'Arménie que j'admire.
À mardi, avec des inédits, et mon amitié,
Michel Lamart, professeur de lettres
Hommage à Charles AZNAVOUR
Voix un peu rauque, haute prestance
Acquise avec acharnement,
Sur scène, ont fait un Monument
De ce modèle d’exigence.
Il berça mon adolescence
Livrant ses espoirs, son tourment,
Voix un peu rauque, haute prestance
Acquise avec acharnement.
Heureux dans son rêve en Provence,
Fier de son sort et père aimant,
Semant partout l’égarement,
Il a tiré sa révérence,
Voix un peu rauque, haute prestance.
André PÉLISSÉRO
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21e Journées des dictionnaires
Université de Cagliari (Italie)
Nous avons le plaisir de vous communiquer que le 19 octobre 2018, nous organisons les « Vingt-unièmes Journées Italiennes des Dictionnaires », à l’Université de Cagliari, sur le sujet suivant :
Dictionnaires et encyclopédies
Hommage à Alain Rey
Vous êtes toutes et tous invités.
Ci-joint programme et affiches :
Vingt-unièmes Journées Italiennes des Dictionnaires
Exposition, Dictionnaires et encyclopédies (XVIIIe-XXIe siècles)
Présentation des livres :
Alain Rey, Hommage aux mots. L’intelligences des dictionnaires, préface de Giovanni Dotoli,
Le Petit Robert de la langue française, édition des 50 ans, par Alain Rey, tableaux originaux de Fabienne Verdier,
Giovanni Dotoli, Dictionnaire et jardin, L’Encyclopédie entre théorie et pratique, Giovanni Dotoli, Connaissance en poche ou De l’encyclopédie,
Giovanni Dotoli - Mario Selvaggio - Éric Jacobée-Sivry - Jocelyne Verguin, sous la direction de, L’ Encyclopédie de Diderot et d’Alembert et les projets encyclopédistes du XVIIIe siècle
Mario Selvaggio, sous la direction de, Poésie et poétique dans l’Encyclopédie.
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MARTHE RIPERT-SARRUT
Notre fidèle poétesse vient de nous quitter
à l'âge de 105 ans......
La belle.
La belle aux yeux d’or
Allait son chemin,
Le ciel
La contemplait
Intensément.
Elle,
Ne voyait
Que son cœur.
MARTHE
A Marthe……
Au seuil du premier chaos,
Effroyable génocide mondial,
Est née une colombe gracile
Qui survole toujours ce siècle.
Ame délicate et sensible
Venue de l’autre coté des océans.
La poésie fût son acte de vie,
La voie du beau son crédo,
La parole celle de la sagesse.
Le destin n’épargna certes pas
Notre poétesse toute de porcelaine,
La souffrance, l’injustice, le tourment, la peine,
La traversèrent, la blessèrent, la stigmatisèrent,
Mais tout pour elle
Prenait valeur d’évidence,
Prétexte de transcendance,
De destinée à assumer.
Elle fût de tous les combats humains,
Ceux des causes se voulant justes.
Si frêle, si fragile et pourtant,
La plume toujours accusatrice.
Marthe, c’est une main tendue
Vers les fruits de l’espérance,
Vers une terre de partage et de paix.
Vers ce vouloir sortir du désespoir
Pour aller vers l’amour.
Marthe !
Majesté,
Amour,
Rayonnement,
Tolérance,
Harmonie,
Elévation.
Les hommes sages furent toujours
Ses maîtres à penser,
Chardin, Tagore, Bachelard, Murti, Rilke, Valéry.
La poésie chez elle, ne peut passer
Que par ce qui touche à l’humanité,
Lui donnant l’impression
D’un souffle d’éternité.
Michel Bénard.
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JEAN-LOUP SEBAN
Délégué
avenue des Nerviers 51
boite 18
BP 1040 BRUXELLES
Belgique
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Flora Aurima DEVATINE
Déléguée
rue Deane
PK4 C/Montagne
98704 Papeete
fdevatine@gmail.com
POLYNESIE FRANCAISE déléguée Flora DEVATINE-en octobre 2018, j'étais invitée aux salons du livre dans deux îles aux Marquises, où j'ai parlé de la Société des Poètes français et de la poésie de langue française en Polynésie devant des élèves de classes de 4° et de 3°, ainsi que devant un public d'adultes sur le thème "De l'oralité à l'écriture". -Les élèves (en difficultés) d'une classe de 3° des Marquises (à Taiohae-NukuHiva ) à la suite de ces rencontres, ont été encouragés à écrire des poèmes sous l'impulsion de leur professeur sur le thème de l'amour. Deux mois plus tard, j'ai reçu du professeur le petit recueil de poésie réalisé par ses élèves, et qui a été remis officiellement aux autorités de l'île.Par ailleurs, j'ai présidé un concours d'écriture poétique et de performance de quelques élèves de trois collèges de Tahiti et d'un de l'archipel des Tuamotu. Une vidéo réalisée par le Vice Rectorat vient de m'arriver.J'étais intervenue également au Salon du livre de Tahiti, sur le thème "Le lagon des langues" (en décembre 2018), à l'Université de Polynésie française sur les écritures féminines (en décembre 2018), et bientôt à l'Institut supérieur de l'enseignement privé à Papeete (le 28 février 2019), sur l'écriture et la poésie. Lors de ces rencontres j'ai la possibilité de faire connaître la Société des Poètes français.
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MAMADOU KANI KONATE
Correspondant
rue 600, porte 335
Bco Djicoroni ACI
BP 2753 BAMAKO
nicadima@gmail.com
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Le ballet des heures
Les heures sont des fleurs l'une après l'autre écloses
Dans l'éternel hymen de la nuit et du jour ;
Il faut donc les cueillir comme on cueille les roses
Et ne les donner qu'à l'amour.
Ainsi que de l'éclair, rien ne reste de l'heure,
Qu'au néant destructeur le temps vient de donner ;
Dans son rapide vol embrassez la meilleure,
Toujours celle qui va sonner.
Et retenez-la bien au gré de votre envie,
Comme le seul instant que votre âme rêva ;
Comme si le bonheur de la plus longue vie
Était dans l'heure qui s'en va.
Vous trouverez toujours, depuis l'heure première
Jusqu'à l'heure de nuit qui parle douze fois,
Les vignes, sur les monts, inondés de lumière,
Les myrtes à l'ombre des bois.
Aimez, buvez, le reste est plein de choses vaines ;
Le vin, ce sang nouveau, sur la lèvre versé,
Rajeunit l'autre sang qui vieillit dans nos veines
Et donne l'oubli du passé.
Que l'heure de l'amour d'une autre soit suivie,
Savourez le regard qui vient de la beauté ;
Être seul, c'est la mort ! Être deux, c'est la vie !
L'amour c'est l'immortalité !
Gérard de Nerval
LE TEMPS
Le temps
ce voleur d’amour
cet infini restreint
nous détruisant chaque jour.
Le temps
cet éternité de l’instant
qui nous ronge
qui nous emporte.
Le temps
cette étreinte désespérée
de la terre et du ciel
et de l’immensité.
Le temps
de la passion
de la tendresse...
...et de la mort.
Le temps
s’enfuit déjà
et tout se dissout
rien ne demeure.
JFD
La sablier de Dieu
Tandis qu'à l'horizon, les hordes d'adjectifs,
Sur un chemin d'idées embrasent la pensée,
Le mot soleil s'écrit sur la page annoncée
Des futurs grignotant tous nos présents furtifs.
La phrase a son silence aux verbes intuitifs,
Cachée dans la forêt de la rime énoncée.
Dans l'encrier des mers, la nuit s'est enfoncée
Entre des pages d'algues aux poèmes craintifs.
Le veilleur d'océan trace un chemin d'étoiles.
Un vent de poésie emporte sous leurs voiles
Les vaisseaux engloutis d'explorateurs du Temps.
Par le chant de la harpe, une légende est née.
Et les marins m'ont dit que pour chaque printemps
Le sablier de Dieu décompte une journée.
Jean MORAISIN
Extrait de : Les matins clairs..*
Tic-Tac
Lorsque "l'insecte Temps" grignote à la pendule
Mes pas tremblants d'humain, j'invente les contours
D'un miroir d'apostrophe et son compte à rebours,
Sous un oeil hypocrite, affiche et me calcule.
Je suis un tatouage, animal ridicule !
Je gesticule et nu dans les mailles des jours,
J'affirme et me rassure en grognant des discours,
Tandis qu'imperturbable, un oeil ... me minuscule.
Je viens d'outre alphabet, du tombeau du jamais,
Que le tic tac des morts égrène en "désormais" !
Sur le drap du silence où mon ombre chinoise
Ecarte le rideau du théâtre du vent,
Je caresse une horloge, une bête sournoise,
Qui m'attend, me connaît, qui me mord très souvent.
Jean MORAISIN
Extrait de Les sentiers invisiblesOui, le temps...
Source universelle d'inspiration pour tous les poètes !
Je vous propose l'un de mes textes sur ce thème,
Amitiés poétiques à toutes et à tous. Noël.
Le temps perdu
© Noël Métallier - Janvier 2017
Celui qui pense que son temps
Vaut si cher que c'est de l'argent,
Je veux lui dire simplement :
Ton temps, ce n'est que de l'argent !
Le temps, c'est de la poésie,
De la joie, de la fantaisie,
Le temps, vois-tu, c'est un ami,
Que tu sois là ou loin d'ici.
Le temps est un jeu de lumières,
Celui qui sait à quoi il sert
Reste paisible à ne rien faire,
À s'inventer un univers.
Le temps n'appartient à personne,
Surtout pas à ceux qui ordonnent,
Ceux qui t'en prennent ou qui t'en donnent,
Le temps passe et ça les s'étonne.
C'est vrai que le temps est précieux,
Pour les enfants, les amoureux,
Ceux qui ne seront jamais vieux
Et qui se moquent des envieux.
Alors, marche tranquillement,
L'air de rien, avance en rêvant,
En flânant, les cheveux au vent,
Prends soin de perdre tout ton temps
Spontanément et pour faire suite au poème de Noel Métallier, je me permets ces quelques mots.
"Le temps, c'est de l'amour.
Un jour, tu le sais.
Le plus tôt, c'est le mieux.
Et plus on le saura,
meilleur le monde sera !"
Merci,
Marie-Christine/Chrismali
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Toussaint
Paul Verlaine (1844-1896)
Ces vrais vivants qui sont les saints,
Et les vrais morts qui seront nous,
C'est notre double fête à tous,
Comme la fleur de nos desseins,
Comme le drapeau symbolique
Que l'ouvrier plante gaîment
Au faite neuf du bâtiment,
Mais, au lieu de pierre et de brique,
C'est de notre chair qu'il s'agit,
Et de notre âme en ce nôtre œuvre
Qui, narguant la vieille couleuvre,
A force de travaux surgit.
Notre âme et notre chair domptées
Par la truelle et le ciment
Du patient renoncement
Et des heures dûment comptées.
Mais il est des âmes encor,
Il est des chairs encore comme
En chantier, qu'à tort on dénomme
Les morts, puisqu'ils vivent, trésor
Au repos, mais que nos prières
Seulement peuvent monnayer
Pour, l'architecte, l'employer
Aux grandes dépenses dernières.
Prions, entre les morts, pour maints
De la terre et du Purgatoire,
Prions de façon méritoire
Ceux de là-haut qui sont les saints.
Paul Verlaine.
Vieille ferme à la Toussaint
La ferme aux longs murs blancs, sous les grands arbres jaunes,
Regarde, avec les yeux de ses carreaux éteints,
Tomber très lentement, en ce jour de Toussaint,
Les feuillages fanés des frênes et des aunes.
Elle songe et resonge à ceux qui sont ailleurs,
Et qui, de père en fils, longuement s’éreintèrent,
Du pied bêchant le sol, des mains fouillant la terre,
A secouer la plaine à grands coups de labeur.
Puis elle songe encor qu’elle est finie et seule,
Et que ses murs épais et lourds, mais crevassés,
Laissent filtrer la pluie et les brouillards tassés,
Même jusqu’au foyer où s’abrite l’aïeule.
Elle regarde aux horizons bouder les bourgs ;
Des nuages compacts plombent le ciel de Flandre ;
Et tristement, et lourdement se font entendre,
Là-bas, des bonds de glas sautant de tour en tour.
Et quand la chute en or des feuillage effleure,
Larmes ! ses murs flétris et ses pignons usés,
La ferme croit sentir ses lointains trépassés
Qui doucement se rapprochent d’elle, à cette heure,
Et pleurent.
Emile Verhaeren
"Les reliques du cœur ont aussi leur poussière"
Voici venu le temps où les feuilles jaunies
Jonchent le sol boueux de leurs débris épars --
Dans le ciel alourdi de brumes infinies
Les lugubres corbeaux chantent de toutes parts.
C'est le temps où chacun rend un culte pieux
A ceux qu'il a connus quand ils étaient sur terre,
Où l'âme cherche une âme et scrute en vain les cieux...
Le temps qui voit fleurir le morne cimetière.
O Vivants d'autrefois, qui n'êtes que des ombres
En un monde inconnu jaloux de son secret,
Savez-vous que mon cœur empli de pensers sombres,
Garde de votre mort un éternel regret ?
O Morts, par qui nos jours s'écoulèrent si doux,
Nous vous gardons encor le meilleur de nous-même
Puisqu'aux heures de deuil qu'obscurcit un ciel blême
Nos souvenirs vous font vivants auprès de nous !...
Alfred de Musset
Novembre
Les grand’routes tracent des croix
A l’infini, à travers bois ;
Les grand’routes tracent des croix lointaines
A l’infini, à travers plaines ;
Les grand’routes tracent des croix
Dans l’air livide et froid,
Où voyagent les vents déchevelés
A l’infini, par les allées.
Arbres et vents pareils aux pèlerins,
Arbres tristes et fous où l’orage s’accroche,
Arbres pareils au défilé de tous les saints,
Au défilé de tous les morts
Au son des cloches,
Arbres qui combattez au Nord
Et vents qui déchirez le monde,
Ô vos luttes et vos sanglots et vos remords
Se débattant et s’engouffrant dans les âmes profondes !
Voici novembre assis auprès de l’âtre,
Avec ses maigres doigts chauffés au feu ;
Oh ! tous ces morts là-bas, sans feu ni lieu,
Oh ! tous ces vents cognant les murs opiniâtres
Et repoussés et rejetés
Vers l’inconnu, de tous côtés.
Oh ! tous ces noms de saints semés en litanies,
Tous ces arbres, là-bas,
Ces vocables de saints dont la monotonie
S’allonge infiniment dans la mémoire ;
Oh ! tous ces bras invocatoires
Tous ces rameaux éperdument tendus
Vers on ne sait quel christ aux horizons pendu.
Voici novembre en son manteau grisâtre
Qui se blottit de peur au fond de l’âtre
Et dont les yeux soudain regardent,
Par les carreaux cassés de la croisée,
Les vents et les arbres se convulser
Dans l’étendue effarante et blafarde,
Les saints, les morts, les arbres et le vent,
Oh l’identique et affolant cortège
Qui tourne et tourne, au long des soirs de neige ;
Les saints, les morts, les arbres et le vent,
Dites comme ils se confondent dans la mémoire
Quand les marteaux battants
A coups de bonds dans les bourdons,
Ecartèlent leur deuil aux horizons,
Du haut des tours imprécatoires.
Et novembre, près de l’âtre qui flambe,
Allume, avec des mains d’espoir, la lampe
Qui brûlera, combien de soirs, l’hiver ;
Et novembre si humblement supplie et pleure
Pour attendrir le coeur mécanique des heures !
Mais au dehors, voici toujours le ciel, couleur de fer,
Voici les vents, les saints, les morts
Et la procession profonde
Des arbres fous et des branchages tords
Qui voyagent de l’un à l’autre bout du monde.
Voici les grand’routes comme des croix
A l’infini parmi les plaines
Les grand’routes et puis leurs croix lointaines
A l’infini, sur les vallons et dans les bois !
Emile Verhaeren (Les vignes de ma muraille)
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