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Le beaujolais nouveau
LA BOUTEILLE ET LE VERRE
de Pierre LACHAMBAUDIE ( Poésies nouvelles )
Verre vide ! foyer sans flamme,
Vile matière, corps sans âme,
A quoi sert-il ? à rien, à rien.
Mais du jus divin de la treille
Qu'on le remplisse, il fait merveille ;
C'est un puissant magicien.Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.Quoi ! tu rougis auprès des belles,
Ton esprit n'a pas d'étincelles,
Et la tristesse est dans ton coeur !
Veux-tu bientôt, la tête altière,
Apparaissant dans la carrière,
De tes rivaux être vainqueur ?Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.Quel feu s'empare de ton être ?
0 délire ! en toi je vois naître
L'esprit, l'audace, la gaîté,
A tes voeux il n'est plus d'obstacle,
Quoi donc a produit ce miracle ?
Eh ! c'est le vin, en vérité !Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.LA VIGNE ET LA MAISON
de Alphonse de LAMARTINE ( recueillements poétiques 1839)
Écoute le cri des vendanges
Qui monte du pressoir voisin ;
Vois les sentiers rocheux des granges
Rougis par le sang du raisin.Regarde au pied du toit qui croule :
Voilà, près du figuier séché,
Le cep vivace qui s'enroule
A l'angle du mur ébréché.Autrefois, ses pampres sans nombre
S'entrelaçaient autour du puits ;
Père et mère goûtaient son ombre ;
Enfants, oiseaux, rongeaient ses fruits.Il grimpait jusqu'à la fenêtre ;
Il s'arrondissait en arceau ;
Il semble encor nous reconnaître
Comme un chien gardien d'un berceau,Sur cette mousse des allées
Où rougit son pampre vermeil,
Un bouquet de feuilles gelées
Nous abrite encor du soleLE VIN
de François COPPEE
Longtemps, dans l'atmosphère humide des caveaux
Sous la voûte profonde et de nitre imprégnée !
Sous la poussière et sous les toiles d'araignée
Le jeune vin vieillit dans des flacons nouveaux.Il faut que dans le calme et l'ombre des tombeaux
La sublime liqueur dure plus d'une année,
Avant que d'accomplir la noble destinée
D'exalter un instant nos coeurs et nos cerveaux.Ainsi, Chaze, il en est de la pensée humaine,
C'est par un très secret et très lent phénomène
Qu'elle se plie enfin au rythme harmonieux.Un doux sonnet mûrit comme un bordeaux suave
Et tu fais bien, ami, qui né dans une cave,
De lire des beaux vers en buvant tes vins vieux.LE VIN PERDU
de Paul VALERY (1871-1945)
Le vin perdu
J'ai, quelque jour, dans l'Océan,
(mais je ne sais plus sous quels cieux),
Jeté, comme offrande au néant,
Tout un peu de vin précieux...Qui voulut ta perte ô liqueur ?
J'obéis peut-être au devin ?
Peut-être au souci de mon coeur,
Songeant au sang, versant le vin.Sa transparence accoutumée
Après une rose fumée
Reprit aussi pure la mer...Perdu ce vin, ivres les ondes !...
J'ai vu bondir dans l'air amer
Les figures les plus profondes...O VIN EN VIGNE
AnonymeÔ vin en vigne
Gentil joly vin en vigne
Vignon, vigna, vigne, sur vigne
Et dehet et gentil joly vin en vigne.
Ô vin en grappe,
Grapin, grapa, grappe sur grappe,
Et dehet et gentil, joly vin en grappe.Ecoute-moi Bacchus, Maître des pressoirs.
Viens avec nous accueillir ces nouveaux adeptes de ton culte
Et fasse qu'ils s'en montrent dignes.
Qu'ils boivent avec sagesse et raison,
Sans jamais aller à l'ivresse,
Pour goûter à toutes les joies
Que procure notre vin.
Qu'ils le fassent connaître et apprécier par leurs propos,
Qu'ils le défendent quand il sera dénigré,
Qu'ils l'aiment enfin
Et en fassent leur boisson favorite !
Quant à toi, grand Saint-Vincent,
Patron de tous les vignerons,
Apprends-leur à ouvrir la porte de nos celliers.
Que chaque maison de vigneron leur soit accueillante.
Qu'ils apprennent à lire à livre ouvert
Le dur labeur qui va de la vigne au pressoir,
Mais apprends-leur aussi et surtout
La joie du vin nouveau chantant dans le verre dodu,
Le charme des bouteilles vénérables
Où dort le feu d'artifice de notre terroir !A LA GLOIRE DU BEAUJOLAIS NOUVEAU
de R.MAUGER KAUFMAN ( extrait de l'almanach du Beaujolais)
Les fruits mûrs tomberont coupés d'un geste agile
Dans les "jarlots" de bois bien propres au terroir
Les grains sécraseront sous le choc du pressoir
Et le sang jaillira dans les cuves d'argileLe jus fermentant dans l'ombre du tonneau
Dans son déchaînement bouillonnera de rage
Dansera, bondira, mènera grand tapage
Forgeant dans ses clameurs, l'âme du vin nouveau !...Il a tous les reflets d'une naissa,te aurore
Le discret velouté des trèfles incarnats
Le rire du soleil l'irise de grenats
Quand dans le verre il roule en un glouglou sonore.Il est toute allégresse, il est toute fraîcheur
La pivoine, l'iris, et la rose mourante
La pêche, l'abricot, la groseille odorante
Se fondent pour créer sa typique saveur.Il se rit des flacons habillés de poussière
Des sommeils prolongés dans la nuit d'un caveau
C'est un vin jeune et franc, gardant, tel un joyau
La sève des sarments et les sucs de la terre.AU FOND DU VIN SE CACHE UNE AME
de Théodore Faullin de BANVILLE 1823-1891
Au fond du vin se cache une âme!
Pierrot, dans le cristal vermeil
Verse-moi la liqueur de flamme:
C'est le printemps, c'est le soleil!
Elle enivre notre souffrance
Sur cette terre où nous passons!
Amis! vivent les vins de France
Et le délire des chansons!
Avec leur parure choisie,
Avec leurs beaux fronts empourprés,
La Musique et la Poésie
Sortiront de ces flots sacrés.
La Joie et la blonde Espérance
Les versent à leurs nourrissons!
Amis! vivent les vins de France
Et le délire des chansons!BOIS, JANIN A MOI ...
Pierre de RONSARD 1524-1585
Bois Janin à moi tour à tour
Et ne ressembles au vautour
Qui toujours tire la charogne,
Tu es un sot, un bon ivrogne,
Autant pour une noce vaut
Qu'un bon guerrier pour un assaut,
Car ce n'est moins entre les pots
D'enhardir par vineux propos
Un homme paresseux à boire
Que pour gagner une victoire,
Rendre à la bataille hardi
Un casanier accouardi.
Bois donc, ne fais plus le songeard.
Au vin gît la plus grande part
Du jeu d'amour et de la danse,
L'homme sot qui lave sa panse
D'autre breuvage que de vin
Meurt toujours de mauvaise fin.BUVONS
de Molière (Le Bourgeois gentilhomme, 1660)
Buvons, mes chers amis, buvons,
Le temps qui fuit nous y convie ;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.Quand on a passé l'onde noire
Adieu le bon vin, nos amours ;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.Laissons déraisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie ;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.Les biens, le savoir et la gloire
N'ôtent point les soucis fâcheux ;
Et ce n'est qu'à bien boire
Que l'on peut être heureux !D'UN VIGNERON A BACCHUS
de Joachim du BELLAY
Ceste vigne tant utile,
Vigne de raysins fertile,
Toujours coustumière d'être
Fidèle aux voeux de son maistre
Ores, qu'elle est bien fleurie,
Te la consacre et dedie,
Thenot, vigneron d'icelle,
Fay donq, Bacchus, que par elle
Ne soit trompé de l'attente
Qu'il a d'une telle plante :
Et mon Anjou foisonne
Partout en vigne aussi bonne.ENIVREZ-VOUS
Beaudelaire ( dans Les petits poèmes en prose )
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et
vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue,
demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante,
à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ;
pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.FIESTA
de PREVERT
Et les verres étaient vides
Et la bouteille brisée
Et le lit était grand ouvert
Et la porte fermée
Et toutes les étoiles de verre
Du bonheur et de la beauté
Resplendissaient dans la poussière
De la chambre mal balayée
Et j'étais ivre mort
Et j'étais feu de joie
Et toi ivre vivante
Toute nue dans mes bras.LA BOUTEILLE ET LE VERRE
de Pierre LACHAMBAUDIE ( Poésies nouvelles )
Verre vide ! foyer sans flamme,
Vile matière, corps sans âme,
A quoi sert-il ? à rien, à rien.
Mais du jus divin de la treille
Qu'on le remplisse, il fait merveille ;
C'est un puissant magicien.Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.Quoi ! tu rougis auprès des belles,
Ton esprit n'a pas d'étincelles,
Et la tristesse est dans ton coeur !
Veux-tu bientôt, la tête altière,
Apparaissant dans la carrière,
De tes rivaux être vainqueur ?Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.Quel feu s'empare de ton être ?
0 délire ! en toi je vois naître
L'esprit, l'audace, la gaîté,
A tes voeux il n'est plus d'obstacle,
Quoi donc a produit ce miracle ?
Eh ! c'est le vin, en vérité !Eh ! verse, frère ;
Remplis ton verre !...
C'est bien, c'est bien ;
Courage, frère !
vide ton verre !
C'est bien, très bien.
On trouve le suprême bien
Au fond du verre.LE VIN
de François COPPEE
Longtemps, dans l'atmosphère humide des caveaux
Sous la voûte profonde et de nitre imprégnée !
Sous la poussière et sous les toiles d'araignée
Le jeune vin vieillit dans des flacons nouveaux.Il faut que dans le calme et l'ombre des tombeaux
La sublime liqueur dure plus d'une année,
Avant que d'accomplir la noble destinée
D'exalter un instant nos coeurs et nos cerveaux.Ainsi, Chaze, il en est de la pensée humaine,
C'est par un très secret et très lent phénomène
Qu'elle se plie enfin au rythme harmonieux.Un doux sonnet mûrit comme un bordeaux suave
Et tu fais bien, ami, qui né dans une cave,
De lire des beaux vers en buvant tes vins vieux.LE VIN PERDU
de Paul VALERY (1871-1945)
Le vin perdu
J'ai, quelque jour, dans l'Océan,
(mais je ne sais plus sous quels cieux),
Jeté, comme offrande au néant,
Tout un peu de vin précieux...Qui voulut ta perte ô liqueur ?
J'obéis peut-être au devin ?
Peut-être au souci de mon coeur,
Songeant au sang, versant le vin.Sa transparence accoutumée
Après une rose fumée
Reprit aussi pure la mer...Perdu ce vin, ivres les ondes !...
J'ai vu bondir dans l'air amer
Les figures les plus profondes...O VIN EN VIGNE
AnonymeÔ vin en vigne
Gentil joly vin en vigne
Vignon, vigna, vigne, sur vigne
Et dehet et gentil joly vin en vigne.
Ô vin en grappe,
Grapin, grapa, grappe sur grappe,
Et dehet et gentil, joly vin en grappe.Ecoute-moi Bacchus, Maître des pressoirs.
Viens avec nous accueillir ces nouveaux adeptes de ton culte
Et fasse qu'ils s'en montrent dignes.
Qu'ils boivent avec sagesse et raison,
Sans jamais aller à l'ivresse,
Pour goûter à toutes les joies
Que procure notre vin.
Qu'ils le fassent connaître et apprécier par leurs propos,
Qu'ils le défendent quand il sera dénigré,
Qu'ils l'aiment enfin
Et en fassent leur boisson favorite !
Quant à toi, grand Saint-Vincent,
Patron de tous les vignerons,
Apprends-leur à ouvrir la porte de nos celliers.
Que chaque maison de vigneron leur soit accueillante.
Qu'ils apprennent à lire à livre ouvert
Le dur labeur qui va de la vigne au pressoir,
Mais apprends-leur aussi et surtout
La joie du vin nouveau chantant dans le verre dodu,
Le charme des bouteilles vénérables
Où dort le feu d'artifice de notre terroir !A LA GLOIRE DU BEAUJOLAIS NOUVEAU
de R.MAUGER KAUFMAN ( extrait de l'almanach du Beaujolais)
Les fruits mûrs tomberont coupés d'un geste agile
Dans les "jarlots" de bois bien propres au terroir
Les grains sécraseront sous le choc du pressoir
Et le sang jaillira dans les cuves d'argileLe jus fermentant dans l'ombre du tonneau
Dans son déchaînement bouillonnera de rage
Dansera, bondira, mènera grand tapage
Forgeant dans ses clameurs, l'âme du vin nouveau !...Il a tous les reflets d'une naissa,te aurore
Le discret velouté des trèfles incarnats
Le rire du soleil l'irise de grenats
Quand dans le verre il roule en un glouglou sonore.Il est toute allégresse, il est toute fraîcheur
La pivoine, l'iris, et la rose mourante
La pêche, l'abricot, la groseille odorante
Se fondent pour créer sa typique saveur.Il se rit des flacons habillés de poussière
Des sommeils prolongés dans la nuit d'un caveau
C'est un vin jeune et franc, gardant, tel un joyau
La sève des sarments et les sucs de la terre.AU FOND DU VIN SE CACHE UNE AME
de Théodore Faullin de BANVILLE 1823-1891
Au fond du vin se cache une âme!
Pierrot, dans le cristal vermeil
Verse-moi la liqueur de flamme:
C'est le printemps, c'est le soleil!
Elle enivre notre souffrance
Sur cette terre où nous passons!
Amis! vivent les vins de France
Et le délire des chansons!
Avec leur parure choisie,
Avec leurs beaux fronts empourprés,
La Musique et la Poésie
Sortiront de ces flots sacrés.
La Joie et la blonde Espérance
Les versent à leurs nourrissons!
Amis! vivent les vins de France
Et le délire des chansons!BOIS, JANIN A MOI ...
Pierre de RONSARD 1524-1585
Bois Janin à moi tour à tour
Et ne ressembles au vautour
Qui toujours tire la charogne,
Tu es un sot, un bon ivrogne,
Autant pour une noce vaut
Qu'un bon guerrier pour un assaut,
Car ce n'est moins entre les pots
D'enhardir par vineux propos
Un homme paresseux à boire
Que pour gagner une victoire,
Rendre à la bataille hardi
Un casanier accouardi.
Bois donc, ne fais plus le songeard.
Au vin gît la plus grande part
Du jeu d'amour et de la danse,
L'homme sot qui lave sa panse
D'autre breuvage que de vin
Meurt toujours de mauvaise fin.BUVONS
de Molière (Le Bourgeois gentilhomme, 1660)
Buvons, mes chers amis, buvons,
Le temps qui fuit nous y convie ;
Profitons de la vie
Autant que nous pouvons.Quand on a passé l'onde noire
Adieu le bon vin, nos amours ;
Dépêchons-nous de boire,
On ne boit pas toujours.Laissons déraisonner les sots
Sur le vrai bonheur de la vie ;
Notre philosophie
Le met parmi les pots.Les biens, le savoir et la gloire
N'ôtent point les soucis fâcheux ;
Et ce n'est qu'à bien boire
Que l'on peut être heureux !D'UN VIGNERON A BACCHUS
de Joachim du BELLAY
Ceste vigne tant utile,
Vigne de raysins fertile,
Toujours coustumière d'être
Fidèle aux voeux de son maistre
Ores, qu'elle est bien fleurie,
Te la consacre et dedie,
Thenot, vigneron d'icelle,
Fay donq, Bacchus, que par elle
Ne soit trompé de l'attente
Qu'il a d'une telle plante :
Et mon Anjou foisonne
Partout en vigne aussi bonne.ENIVREZ-VOUS
Beaudelaire ( dans Les petits poèmes en prose )
Il faut être toujours ivre, tout est là ; c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du temps qui brise vos épaules et
vous penche vers la terre, il faut vous enivrer sans trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie, ou de vertu à votre guise, mais enivrez-vous!
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue,
demandez au vent, à la vague, à l'étoile, à l'oiseau, à l'horloge; à tout ce qui fuit, à tout ce qui gémit, à tout ce qui roule, à tout ce qui chante,
à tout ce qui parle, demandez quelle heure il est. Et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront, il est l'heure de s'enivrer ;
pour ne pas être les esclaves martyrisés du temps, enivrez-vous, enivrez-vous sans cesse de vin, de poésie, de vertu, à votre guise.JADIS ET NAGUERE
Recueil : de Paul VERLAINE (1844-1896) Vendanges
Les choses qui chantent dans la tête
Alors que la mémoire est absente,
Écoutez, c'est notre sang qui chante...
O musique lointaine et discrète !Écoutez ! c'est notre sang qui pleure
Alors que notre âme s'est enfuie,
D'une voix jusqu'alors inouïe
Et qui va se taire tout à l'heure.Frère du sang de la vigne rose,
Frère du vin de la veine noire,
O vin, ô sang, c'est l'apothéose !Chantez, pleurez ! Chassez la mémoire
Et chassez l'âme, et jusqu'aux ténèbres
Magnétisez nos pauvres vertèbres.Rien n'inspire tant, depuis des siècles,
à lire toutes ces invitations à ........;
poèmes à consommer sans modération
merci à vous
AUGUSTE