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    L’ESPERLUETTE

     Du salon monte l’adagio pour cordes de Tomaso Albinoni.

    Les arabesques ensoleillées de cette matinée jouent sur un papier bouffant ivoire.

    Assis à sa table à dessin, le poète s’applique à calligraphier l’esperluette tandis qu’une muse prépare les couleurs pour illustrer sa page d’écriture.

    Appelée aussi vingt-septième lettre de l’alphabet, l’esperluette est ce signe typographique résultant de la ligature des lettres de la conjonction de coordination « et » ; il possède la même signification.

    Autrement dit, l’esperluette est ce clin d’œil, ce signe élégant, vif et malicieux reliant deux noms, deux mots.

    C’est une note espiègle pour un jongleur de mots.

    L’aventure de l’écriture est un passionnant voyage à travers l’humanité.

    L’homo sapiens écrit et lit depuis seulement 6000 ans.

    Nous le savons bien, tout ce qui n’est pas écrit disparaît.

    L’écriture est sans doute née 3300 ans avant notre ère sur des tablettes sumériennes à Uruk en basse Mésopotamie.

    Que de chemin parcouru avec, aujourd’hui, les 26 lettres de l’alphabet sur l’écran d’un smartphone.

    Si l’Internet a des avantages indiscutables, quelle spectaculaire régression avec celui qui aligne ses rébarbatives adresses et leurs forêts de lettres et de signes, sans accents ni majuscules.

    C’est une injure faite aux trois grammairiens réputés, responsables successifs de la grande bibliothèque d’Alexandrie : Zénodote, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace.

    Plutôt que de se contenter d’un langage codé à toute vitesse sur les réseaux sociaux, il est salutaire de rendre hommage à la langue de Molière, au fringant Jean-Baptiste Poquelin dans son habit de lumières.

    Ne nous laissons pas gouverner par la parlure des « blog », des « tweet » et autres rebuts sans forme ni saveur qui s’effacent tels les mirages sur les sables du désert.

    Il faut encourager les puristes pour la beauté de notre langue, source jaillissante, sève aux multiples vertus.

    C’est notre force, notre liberté, notre identité.

    Campée sur le bureau luisant d’encaustique, une chatte au profil de pharaonne semble n’obéir à personne, seulement au sourire de la muse.

    C’est la poésie qui mène la danse !

    La page d’écriture terminée, plumes, pinceaux et couleurs se donnent la main pour orner la marge d’un rinceau végétal.

    Le poète se lève et prend la main de sa muse avec la promesse de lui offrir les pommes du jardin des Hespérides.

    La journée devient ce chemin qui monte par l’adret où le satin froissé des coquelicots brode la houle d’un champ de blé.

                                                                 Roland Souchon

     

     A quelques pas de la rentrée,  je vous prête ma dernière quête : L’accent circonflexe, chapeau des voyelles.

     Souvenez-vous, c’est seulement depuis 1990 que la réforme de l’orthographe autorise les lettres i et u à rester nu-tête.

     Mais, il faut bien l’avouer, le couvre-chef donne un style personnel et réhausse avec panache les mots de la langue française.

     Vrai, que serait la forêt sans sa canopée circonflexe et le fût n’aurait pas la saveur d’une tête de cuvée.

     Quant au goût, il perdrait toute saveur, la fête manquerait de rires et chansons et la flûte ne serait plus enchantée.

     Maintenant, vous m’expliquerez peut-être pourquoi le chapeau de la cime, synonyme de crête ou de faîte, est tombé dans l’abîme.

     Avant de se quitter, je vous confie la beauté d’Aphrodite faite de la perfection grecque revêtue de la grâce orientale.

                                                                Roland Souchon

     

     

     

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    La langue française

     

         

    L’ESPERLUETTE

     Du salon monte l’adagio pour cordes de Tomaso Albinoni.

    Les arabesques ensoleillées de cette matinée jouent sur un papier bouffant ivoire.

    Assis à sa table à dessin, le poète s’applique à calligraphier l’esperluette tandis qu’une muse prépare les couleurs pour illustrer sa page d’écriture.

    Appelée aussi vingt-septième lettre de l’alphabet, l’esperluette est ce signe typographique résultant de la ligature des lettres de la conjonction de coordination « et » ; il possède la même signification.

    Autrement dit, l’esperluette est ce clin d’œil, ce signe élégant, vif et malicieux reliant deux noms, deux mots.

    C’est une note espiègle pour un jongleur de mots.

    L’aventure de l’écriture est un passionnant voyage à travers l’humanité.

    L’homo sapiens écrit et lit depuis seulement 6000 ans.

    Nous le savons bien, tout ce qui n’est pas écrit disparaît.

    L’écriture est sans doute née 3300 ans avant notre ère sur des tablettes sumériennes à Uruk en basse Mésopotamie.

    Que de chemin parcouru avec, aujourd’hui, les 26 lettres de l’alphabet sur l’écran d’un smartphone.

    Si l’Internet a des avantages indiscutables, quelle spectaculaire régression avec celui qui aligne ses rébarbatives adresses et leurs forêts de lettres et de signes, sans accents ni majuscules.

    C’est une injure faite aux trois grammairiens réputés, responsables successifs de la grande bibliothèque d’Alexandrie : Zénodote, Aristophane de Byzance et Aristarque de Samothrace.

    Plutôt que de se contenter d’un langage codé à toute vitesse sur les réseaux sociaux, il est salutaire de rendre hommage à la langue de Molière, au fringant Jean-Baptiste Poquelin dans son habit de lumières.

    Ne nous laissons pas gouverner par la parlure des « blog », des « tweet » et autres rebuts sans forme ni saveur qui s’effacent tels les mirages sur les sables du désert.

    Il faut encourager les puristes pour la beauté de notre langue, source jaillissante, sève aux multiples vertus.

    C’est notre force, notre liberté, notre identité.

    Campée sur le bureau luisant d’encaustique, une chatte au profil de pharaonne semble n’obéir à personne, seulement au sourire de la muse.

    C’est la poésie qui mène la danse !

    La page d’écriture terminée, plumes, pinceaux et couleurs se donnent la main pour orner la marge d’un rinceau végétal.

    Le poète se lève et prend la main de sa muse avec la promesse de lui offrir les pommes du jardin des Hespérides.

    La journée devient ce chemin qui monte par l’adret où le satin froissé des coquelicots brode la houle d’un champ de blé.

    ROLAND SOUCHON

     

     

     

     

     

     

     

     

     

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